Texte tiré du document original, conservé aux Archives Départementales des Hautes Pyrénées
Un Peu en amont d’Arreau, sur la rive droite de la Neste du Louron, se trouve le modeste village de Pailhac. Caché dans le creux d’un vallon, il n’offre ni curiosité naturelles, ni sites enchanteurs, ni monuments remarquables. Le touriste le prendrait pour un hameau d’Arreau. Il a, à peu près, le même aspect qu’Arreau lui-même.
Situé à 1 kilomètre du canton, à 37 de Bagnères de Bigorre et 57 kilomètre de Tarbes, Pailhac jouit néanmoins des bienfaits d’un climat tempéré, grâce à la protection d’une haute montagne qui l’abrite des rigueurs du vent du Nord. D’ailleurs, salubrité irréprochable. Elle tient principalement à la propreté des habitants et aux arbres nombreux qui font comme un enclos de chaque propriété.
Pas de sources thermales, mais en revanche une eau fraiche et limpide qui jaillit constamment d’une source. L’altitude de cette localité est de 740m.
La population n’est que de 63 habitants. Ce chiffre n’offre guère de variations. Le paysans de Pailhac n’est pas voyageur, il ne songe pas à émigrer, il a comme tous les Aurois, le culte du foyer domestique et l’amour du clocher du village. Cette commune compte 14 habitations, le conseil municipal se compose de 10 membres. Desservie par un vicaire, elle n’a pas de bureau de poste ni non plus de receveur municipal. Elle paie ses contributions au percepteur d’Arreau. La valeur du centime est de 19fr80, les revenus ordinaires sont de 952fr74.
On ne saurait dire que le sol de la commune de Pailhac est fertile. Néanmoins le travail patient et intelligent du paysan fait rendre à la terre des productions relativement considérables. Le seigle y vient en abondance, on en récolte 160 hectolitres de bonne qualité. Le froment, l’avoine, l’orge et le maïs n’y sont cultivés qu’en second rang pour dessoler les terres et ne pas les épuiser par une culture uniforme. 80 hectolitres de froment, 10 d’avoine, 6 d’orge et 12 de maïs, voilà le rendement approximatif de ces dernières céréales.
Mais il est une production remarquable entre toutes : je veux parler de la pomme de terre. Ce tubercule semble véritablement sur son terrain de prédilection à Pailhac. On en récolte 500 hectolitres par an. A plusieurs lieues à la ronde, on parle des pommes de terre de Pailhac et de leur qualité supérieure. Indépendamment des besoins des ménages auxquels elles suffisent à tant de titres, elles sont encore une source de revenus pour le bourg.
La ménagère de Pailhac descend tous les matins à Arreau, légère, son pot au lait sur la tête tout comme la Pierrette de la Fontaine, et très souvent un panier au bras, panier plein de ces bonnes pommes de terre si recherchées des bourgeois de la ville. Que dire des procédés de culture. L’industrie agricole, l’usage des instruments de labour modernes sont parfaitement inconnus dans ce coin perdu des Pyrénées. C’est encore la vielle méthode, la charrue en bois ; mais la population sobre et laborieuse demande à la sueur de son front l’abondance des récoltes que d’autres doivent à la perfection des instruments aratoires et à la connaissance des nouvelles méthodes agricoles.
En fait d’animaux domestiques, dans cette localité, il n’y a que 58 vaches en tout. Du reste pas de route importante, ni forêts, ni ponts, ni aqueducs, ni travaux remarquables. Il faut cependant citer la maison d’école qui est un véritable bijou, gracieusement placée au milieu d’une riante prairie. Elle est là comme un témoignage sensible de la sollicitude de la république qui s’efforce d’étirer jusqu’aux bourgs les plus reculés les précieux avantages de l’instruction.
Tout à côté, au sommet d’un mamelon, se dresse comme une sentinelle à son poste, la modeste chapelle du village. Il vaut la peine de la visiter, non point, si vous voulez à titre de pèlerin, mais comme touriste, si vous cherchez de beaux ponts de vue. De là vous aimerez un panorama délicieux. On découvre au nord la gorge de Sarrancolin, le val d’Aspin, le vallon de Barrancoueu à l’ouest, à l’est de Jézeaux et au midi les deux ravissantes vallées d’Aure er du Louron, et plus loin un immense amphithéâtre de montagnes toutes poudrées de neige au sommet.
Doux, polis, hospitaliers, les habitants de Pailhac professent le culte catholique. Les costume est assez uniforme : Béret, pantalon large et veston.
La population est très sobre. Elle vit principalement de légumes et de lait. Les mesures locales encore en usage sont le journal et la couperade.
La maison d’école se compose d’un préau couvert, d’une cour clôturée par un petit muret d’un jardin. La mairie se trouve au rez de chaussée, ainsi que la salle de classe. Le premier étage comprend quatre chambres destinées au logement de l’institutrice. Sous le toit s’étend un vaste grenier. Les archives de la commune sont bien tenues.
La création de poste de Pailhac remonte à 1834. L’école fut d’abord dirigée par des instituteurs jusqu'à 1857, à partir de cette époque, elle fut confiée à des institutrices. Les élèves fréquentes assidument la classe, leur instruction est satisfaisante. Le traitement de la maitresse d’école est de 800 Fr.
Les mariages ne sont pas très fréquents à Pailhac. Dans quatre ans il y a eu un, les deux conjoints ont su signer leurs noms.
Il serait difficile de donner l’étymologie de Pailhac, l’histoire est muette sur ce Bourg. On ne sait ni quand, ni comment il est né. Pailhac n’a pas d’histoire ! En est-il moins heureux ???
L’institutrice
Soubie Marie
